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 HOMMAGE A YOUSSEF CHAHINE

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MimS
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MessageSujet: HOMMAGE A YOUSSEF CHAHINE   HOMMAGE A YOUSSEF CHAHINE Icon_minitimeVen 1 Aoû - 3:53

HOMMAGE A YOUSSEF CHAHINE
Thomas Flamerion pour Evene.fr - Juillet 2008


Il avait connu l'Alexandrie cosmopolite. Celle qui tolérait en son sein le juif, le chrétien et le musulman. Celle qui savait se réjouir et croiser les bannières sans les heurter. Sa vie durant, il n'a eu de cesse de rêver, de révérer cette belle endormie qui l'a vu naître. Jo, le catholique, l'insoumis, l'insatiable emmerdeur d'un régime passé sous les couleurs de l'affairisme et de l'intégrisme, ne dansera plus librement à la barbe des fanatiques.




"Je suis un des derniers. Mais j'ai le culot de dire que tant que j'existe, l'Alexandrin existe." (1) Du culot, Youssef Chahine n'en a jamais manqué. C'est qu'il en fallait pour aller braver la censure à chaque nouvelle sortie comme d'autres vont négocier avec un distributeur. Mais dès ses premiers pas au cinéma, le réalisateur prend le parti de la liberté de parole et de ton. Il martèle un message ouvertement en opposition avec le gouvernement égyptien, avec la corruption, la règle des pots de vins et des petits arrangements à l'amiable, sources d'injustice sociale et de misère. Mais plus que politique, l'engagement de Chahine force les clivages religieux, dénonce l'obscurantisme et le fanatisme. Le tout sur fond de citations shakespeariennes, de musique et de danse, comme d'indestructibles souvenirs d'un peuple savant et joyeux. Son peuple : multiculturel et pluriethnique.


En bonne conscience


Youssef Chahine, c'est avant tout une image. Celle d'un petit homme facétieux, un verre de blanc à la main et une clope au bec. Des yeux pétillants sous ses lunettes à grosses montures et un sourire gaillard. Une apparence bonhomme, pour un cinéaste qui savait habiller les messages les plus forts du style le plus léger. Car l'heureux caractère n'avait pas sa langue dans sa poche quand il fallait défendre ses idées, rabrouer les censeurs et porter haut les couleurs du respect. "Chacun de mes films naît d'un événement personnel, d'un coup de gueule. Je m'insurge contre toute forme de censure et d'intolérance. (...) Le cinéaste que je suis ne peut rester indifférent aux problèmes qui l'entourent. Je refuse d'être un amuseur. Témoin de mon temps, mon devoir est d'interroger, de réfléchir, d'informer." (2) Le parler franc de Chahine ne lui vaut pas que des amitiés outre-Méditerranée. Ses films rencontrent d'ailleurs plus de succès en Europe que dans le monde arabe. Pourtant le réalisateur parvient - parfois au terme de longues épopées judiciaires - à imprimer à ses films les messages qu'il entend diffuser. C'est que sous le couvert de l'agitateur se cache un faire-valoir de bonne conduite. Le gage d'une certaine liberté d'expression, par ailleurs purement illusoire. Alors Chahine, outil de communication du pouvoir ? Sans doute le réalisateur maîtrisait-il l'art de déplaire dans les formes, et d'aller gagner en Occident la reconnaissance qui appuierait son irrévérence, et surtout ses budgets de production. Toujours est-il que pendant plus d'un demi-siècle, le polémiste tient fermement la barre d'une oeuvre prolifique et engagée.


Sur tous les fronts


Il n'a que 24 ans, quand au retour d'un apprentissage des techniques cinématographiques à Hollywood, Chahine tourne son premier long métrage, 'Papa Amin'. Un an plus tard, en 1951, 'Le Fils du Nil' lui permet de fouler pour la première fois les marches cannoises. Quelques films sans grande ambition plus tard, il réalise 'Gare centrale' en 1958, dans lequel il joue le rôle principal. Dès lors, le jeune Chahine poursuit une carrière au succès parfois hésitant, mais à la richesse et à la diversité impressionnantes. Des oeuvres où la nostalgie du bon vieux temps et les dénonciations de toutes sortes d'abus se partagent l'écran. Si la forme reste classique, le fond dénote et révèle un archaïsme patenté des institutions et les inégalités qui minent l'Egypte. Du peplum au réalisme social, du mélo à la fresque historique en passant par des autobiographies engagées, Chahine remonte le temps et interroge inlassablement l'histoire de sa patrie et l'évolution du monde.
Le réalisateur revient à loisir sur les grands événements qui ont marqué l'histoire de son pays ('L'Aube d'un jour nouveau' en 1964, 'Le Moineau' en 1972, 'Le Retour de l'enfant prodigue' en 1976). Offusquant certains pays membres de la ligue arabe, il évoque surtout le conflit israélo-palestinien. Notamment dans le premier volet de sa trilogie consacrée à sa ville, 'Alexandrie… pourquoi ?' en 1978, déchaînant les passions avec l'histoire d'amour d'une juive et d'un musulman, puis dans 'La Mémoire' en 1982 et dans 'Le Sixième Jour' avec Dalida en 1986, adapté du livre éponyme d'André Chedid.


(1) Article de Libération, 28 juillet 2008
(2) Article du Figaro, 28 juillet 2008


Combattre le fanatisme


Mais c'est surtout l'obscurantisme que Youssef Chahine dénonce à tour de bras, s'attirant les foudres des extrémistes, bravant les fatwas et une censure toute-puissante. Des engagements artistiques qui le pousseront à s'exiler au Liban entre 1964 et 1968, mais aussi en France, où il vivra par intermittence tout au long de sa vie. En 1994, Chahine fait face à l'une des plus grandes controverses de sa carrière. 'L'Emigré' - un portrait très libre du prophète Joseph qui attaque ouvertement l'intégrisme -, est jugé blasphématoire au terme d'un long procès. Finalement autorisé, il devient le plus grand succès public du cinéaste en Egypte.
Déterminé, opiniâtre, Chahine enchaîne en 1997 avec une incroyable fresque historique, 'Le Destin', qui lui vaut le prix du Cinquantième anniversaire du Festival de Cannes. Le film retrace la vie du philosophe musulman Averroès, en Andalousie au XIIe siècle. Il célèbre la mixité sociale et religieuse, et évoque l'intolérance à travers l'incendie d'une bibliothèque. Acte fanatique suprême : l'autodafé. "S'il y a un message dans 'Le Destin', c'est celui-là : il faut se lancer dans la bataille. Averroès incarne ce que je prône depuis toujours : l'ouverture vers l'autre," explique le réalisateur à la sortie du film. (3)


Inclassable


Obstinément, Youssef Chahine refuse de reconnaître la moindre appartenance. Né chrétien, dans un pays musulman ouvertement opposé à l'Etat juif, il prône l'ouverture et la coexistence des différents cultes. "Qu'ils aillent se faire foutre, ceux qui parlent de conflit des civilisations. C'est un mot que je ne comprends pas, que je ne veux pas comprendre. Il n'y a aucune raison pour opposer ainsi des cultures, des civilisations." (1) Idéaliste, Chahine le sera jusqu'au bout, jusque dans son aversion de l'impérialisme américain ('Alexandrie-New-York', 2004), malgré l'amour qu'il porte à cette nation qu'il voit décliner et s'avilir.
Refus également de se définir ethniquement. Né en terre égyptienne, à l'un des grands carrefours culturels au monde, d'ascendances libanaise, grecque et syrienne, Chahine se présente comme Alexandrin, le fils d'un mélange. Refus encore des catégorisations sexuelles. Si l'homosexualité est parfois discrètement abordée par le réalisateur, jamais il n'affichera ouvertement une orientation définie ni n'en fera un sujet de cinéma.


Difficile d'imaginer à quel point Youssef Chahine va manquer au cinéma, à l'Egypte, au monde arabe. A ces humbles qu'il défendait, à cette tolérance et à ce respect qu'il brandissait vaillamment, envers et contre tous ceux qui tentaient de l'en empêcher. "Pour pouvoir dialoguer, il faut plus que tolérer, il faut aimer l'autre ! C'est-à-dire aimer sa différence" (4), clamait-il. Difficile de savoir qui parmi la jeune génération aura l'audace et la hargne de suivre ses traces. Chahine ne reconnaissait aucun disciple. Socialiste, anarchiste, insurgé, pourfendeur de tous les extrémismes, il n'a jamais perdu une occasion de combattre, à sa manière : avec des images et des idéaux. S'il signe sur la fin de sa vie des films marqués par une nostalgie galopante et un regard moins aigu sur le monde, son oeuvre garde jusqu'au bout la même fougue et la même intransigeance. Et d'affirmer sans trembler : "J'en ai rien à foutre du pouvoir, des intégristes et des censeurs. Ils ne me font pas peur, ils ne me feront pas taire." (1)


(3) Interview à Télérama, 15 octobre 1997
(4) Article du Monde, 09 juillet 2004




Thomas Flamerion pour Evene.fr - Juillet 2008
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